Guillaume Prévost, Les sept crimes de Rome, romanzo, 2000, Paris, Francia. NIL éditions, pp. 209-210.
-Avez-vous apporté au moins la gravure et les messages ?
Je tirai de leur étui les trois feuilles qu’il demandait.
Il prit la loupe qu’il gardait toujours avec lui, car sa vue était fort médiocre, et les inspecta l’une après l’autre.
-«Le Pontife a perdu la Face», lut-il. C’est donc cela… Cette phrase a suffi pour vous mener à la Véronique ?
-Elle m’a… Elle m’a éclairé… Lé… J’avais cru comprendre qu’une relique avait disparu du Vatican et…
-Une relique? La Sainte Face est bien davantage qu’une relique, mon fils. Vera Icona, l’Image Véritable ! Le Visage du Sauveur durant la Passion ! N’êtes-vous pas sensible à Son empreinte ?
Je me souvenais l’avoir aperçue une fois à Saint-Pierre, derrière des voiles qui ajoutaient encore à son mystère. Mais j’étais enfant alors, et, dans ma mémoire, les traits sur le linge restaient imprécis.
-L’occasion ne m’a pas été donnée de vraiment l’approcher…
-Vous ne mesurez donc pas ce qu’elle représente… Connaissez-vous au moins son histoire ?
J’avouai que non.
-Certains ont prétendu jadis que le voile aurait été donné par Notre Seigneur à l’Hémorroïsse, cette femme qui perdait son sang et qui fut guérie en touchant Jésus. Nous savons, nous, qu’il n’est rien : c’est bien pour sainte Véronique que le miracle fut accompli. Elle se trouvait sur le chemin du Golgotha au moment du Calvaire. Elle prit le Fils de Dieu en pitié et lui essuya le visage avec un linge. La Sainte Face s’y imprima aussi réellement que je vous vois, offrant aux hommes incrédules le portrait du Sauveur. Plus tard, l’empereur Tibère envoya Volusanius à Jérusalem. Celui-ci se fit conter la Passion en détail et apprit l’existence du voile. Il se rendit chez Véronique, qui lui remit le linge sacré à condition de pouvoir le suivre jusqu’à Rome. Au terme de ce voyage, l’empereur Tibère connut le miracle à son tour : il se prosterna devant la Face et se trouva guéri de tous ses maux. Véronique put obtenir que le voile soit confié à l’Eglise, et, depuis ce temps, il honore notre ville comme nulle autre relique. Comprenez-vous donc ce que c’est la Véronique ?
J’acquiesçai.
-J’ajoute qu’il y a trois siècles mon auguste prédécesseur, Innocent III, décida de rendre à la Sainte Face le culte qu’elle méritait. Sa décision suivait de peu un nouveau miracle : sous ses propres yeux, le voile s’était brusquement retourné sans que personne le toucha ! Le signe était clair. Innocent III institua dès lors une procession de la Sainte Face, le dimanche après l’octave de l’Épiphanie. C’est ainsi que depuis trois siècles les chanoines de Saint-Pierre portent solennellement le voile jusqu’à l’hôpital San Spirito.
Sa voix se fit plus suave :
-La nouvelle procession doit avoir lieu dans quatre jours.
Quatre jours ! La Véronique devait être montrée au peuple dans quatre jours !
Segnalata da Manu
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